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Une journée dans la vie d'un mineur

publié: 14/03/2022

La vie d’un mineur est unique. D’autant plus lorsque celui-ci travaille dans une mine de nickel sous terre, aux confins du Nunavik, sous un horaire fly-in, fly-out (FIFO). Ce fameux FIFO, c’est ce qui a attiré Ghislain à poser sa candidature et à devenir mineur à Mine Raglan, il y a de cela 14 ans. Cet horaire atypique l’amène à passer 2 à 3 semaines consécutives au site minier, pour ensuite bénéficier de la même période de congé.  

C’est un rythme de travail particulier, quand je suis au site, je suis 100 % présent, et tant qu’à être sur place, j’aime mieux faire un maximum d’heures. En revanche, quand je reviens chez moi, à Rouyn, ça me permet d’être 100 % présent pour ma femme et mes filles, et de consacrer du temps à mon lot à bois, que je possède avec mes frères. 

Lorsque Ghislain entame une nouvelle rotation, son parcours est similaire à celui de ses collègues. Après un trajet en avion à destination de l’aéroport de Donaldson, il embarque dans l’autobus qui fait la navette vers le complexe principal de Katinniq. Durant les 25 minutes qui le séparent du site, il en profite pour jaser avec des collègues et se mettre à jour sur les nouvelles de tout un chacun. L’ambiance est amicale et bon enfant. En arrivant à Katinniq, il est accueilli par l’équipe de l’hébergement et celle du Service santé, qui effectue les tests PCR des arrivants. Dans cette mini-ville, nul besoin de dire que tout est mis en œuvre pour minimiser les risques de transmission de la COVID-19. 

Après une soirée en quarantaine dans sa chambre, qu’il passe à installer ses effets personnels, à souper et à regarder un film, Ghislain se couche tôt, afin de se préparer à ses 21 prochains jours de travail. Dès 5 h le lendemain matin, il se dirige vers la cafétéria pour déjeuner. L’assiette semble costaude pour le commun des mortels, mais est assez classique pour les mineurs, qui exercent un travail physique; œufs brouillés, saucisses, patates, bacon, fruits et café. Ce matin-là, l’équipe Cuisine a fait des bagels maison, tout droit sortie du four. Digne de mention, quand on pense que tout est cuisiné pour près de 850 personnes. Cela dit, pour Ghislain, le repas qui vaut le plus le détour est certainement le souper homard, attendu avec impatience chaque année par les travailleurs.  

Vêtu de sa salopette de mineur et de ses équipements de protection individuelle (EPI), Ghislain se présente ensuite pour 6 h 15 au « carreau ». C’est le lieu où, en début de quart, les mineurs reçoivent les tâches à accomplir pour la journée. Aujourd’hui, Ghislain et son équipe se dirigent vers Mine 8, la nouvelle lentille de Mine Raglan inaugurée en juin 2021 et qui permettra à l’entreprise de poursuivre ses activités pour les 25 prochaines années. 

Le boulonnage, l’affectation qu’a reçue Ghislain pour la journée, est une des tâches qu’il préfère. « C’est un poste qui me rend fier, car c’est dans le plus haut de l’échelle d’avancement ». L’ouvrage se poursuit jusqu’à la pause diner puis les travailleurs qui le souhaitent se retrouvent au refuge pour y manger leur lunch en échangeant blagues et taquineries. Certains, comme Ghislain, préfèrent cependant dîner dans leur cabine d’opérateur et travailler une heure de plus en temps supplémentaire. « Je pourrais profiter de ce temps-là pour jaser avec mes chums, mais je me dis que tant qu’à être à 500 mètres sous terre, autant maximiser ma journée de travail ». Il affirme que plusieurs employés pensent de cette façon. Ils préfèrent rentabiliser leur présence au site et bonifier leur salaire, admettant tout de même que celui-ci soit déjà très enviable comparativement à une majorité de gens. 

Est-ce que Ghislain s’ennuie de sa famille lorsqu’il fait ses rotations au site minier? « C’est certain que je m’ennuie de ma femme et de mes filles, mais on s’est tous habitués à ce rythme de vie, et on a trouvé notre équilibre là-dedans. Elles sont contentes de me voir arriver à la maison, mais elles sont aussi contentes quand je repars! Ah ah ah! »

Il faut aussi dire que la vie à Raglan offre beaucoup pour divertir les employés entre leurs quarts de travail. « Il y a de tout ici, un gym, un sentier pédestre, des soirées cinémas, du bingo, des arcades, une salle de bronzage (je ne l’ai pas encore utilisée…). Il y a moyen de se créer un très bon réseau d’amis. » D’ailleurs, Ghislain avoue que son plus beau souvenir du site, c’est un Noël où l’équipe Cuisine avait revêtu des tabliers rouges, et durant lequel un de ses anciens superviseurs avait fait le père Noël. « On sentait plus qu’un esprit d’équipe, c’était comme fêter Noël dans notre famille ». C’est justement le commentaire qui ressort souvent ici, que Raglan, c’est comme une deuxième famille. 
 

Ghislain possède un secondaire 5, travaille sur un horaire 3-2-2-3* et bénéficie des conditions suivantes :

  • 140 000 $

    Salaire annuel de base

  • 10 000$

    Boni de performance

  • 5 000$

    Boni pour la production de Nickel

  • 20 jours

    Vacances

* Un horaire 3-2-2-3 signifie 3 semaines de travail pour 2 semaines en congé, puis 2 semaines de travail pour 3 semaines en congé.

**Selon l’étude de rémunération de l’industrie minière la plus récente, le salaire horaire moyen d'un mineur se situe entre 26,26 $ et 43,18 $, avec une moyenne de 37 $. Selon le  Comité sectoriel de main-d'oeuvre de l'industrie des mines (CSMO), le salaire annuel moyen est de 116 000$ (avec l’ensemble des primes admissibles). Un mineur possède en moyenne un diplôme d'études professionnelles (DEP) en extraction de minerai.

N.B. Ghislain est un personnage fictif inspiré de la vie de différents employés de Mine Raglan.


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